HISTOIRE = UN PETIT NORMAND

(1) - J'ai quitté l'école à 14 ans !  Après avoir fait plusieurs petits boulots : la boucherie, la vente de chaussures sur les marchés, la scierie en Normandie, je suis venu en banlieue parisienne, à Colombes.  J'ai d'abord travaillé en usine à Levallois Perret, puis dans l'imprimerie au métro Bourse, etc.  En 1966 à 23 ans, j'entre pour travailler dans une Cie d'assurances, une Cie Anglaise du nom de Commercial Union, située place Edouard VII à Paris, une centaine de personnes, le Siège lui, étant à Londres.

En 1967, Jill, une jolie Anglaise de 20 ans, arrive pour travailler quelques mois en France.  J'ai tout de suite été séduit par elle.  Je m'arrangeais toujours pour me trouver le midi derrière elle au self de la rue Caumartin pour manger ensemble.  Je me souviens qu'elle mangeait presque toujours du poulet, car le poisson était présenté dans l'assiette avec la tête et cela lui faisait peur.  Elle travaillait sous les toits au dernier étage, moi juste en dessous.  Alors le matin j'allais la voir pour lui faire la bise, et restais un moment avec elle pour papoter.  Elle me donne des frissons tellement je l'aimais.  Bien sûr je ne pouvais pas rester longtemps car mes collègues se seraient aperçu de mon absence.

Jill, est retournée en Angleterre en me laissant son adresse, j'étais bien triste !  Pendant son séjour en France, nous n'avons pas eu le moindre flirt, juste la bise du matin.

J'attendais chaque jour un courrier venant d'Angleterre, je recevais chaque mois une lettre très gentille écrite en Français.

Un jour, je reçois un courrier très important qui commence par "Si tu ne veux plus m'écrire, je comprendrais".  Je poursuis cette lettre où elle m'annonce qu'elle est la maman d'une petite fille née le 6 avril 1968 ! Elle se nomme Louise.  Le papa de cette petite fille est un Français qu'elle a rencontré lorsqu'elle était en France, à une soirée avec des amis.  Il lui annonce qu'il ne souhaite pas reconnaître l'enfant.  Je lui ai répondu aussitôt, en envoyant un cadeau pour le bébé, un mignon lapin du nom de Bunny.  Ensuite, chaque année j'envoyais un cadeau pour l'anniversaire de Louise au mois d'Avril et aussi pour Jill en janvier.

En 1971, ma petite Anglaise est revenue avec sa fille juste un weekend à Paris.  Elle m'avait donné rendez-vous à son hôtel rue d'Antin pour visiter Paris ensemble.

J'étais très fier  de rouler la poussette, je suis sûr que les passants pensaient que nous étions un couple.  Au bout de deux jours, mes deux petites Anglaises sont reparties en Angleterre.  Pendant ces deux jours, je n'avais pas trouvé le courage de lui dire que je souhaitais devenir le papa de sa fille.

La même année, c'est Jill qui m'invite pour visiter Londres.  Pour aller à Londres à cette époque, il y avait le service "Flèche d'Agent" : le train à la gare du Nord jusqu'au Touquet et l'avion !  Sachant que moi, ne parlant pas Anglais, elle m'attendait à l'aéroport !  Lorsque nous prenons le métro, elle m'informe que ses parents nous attendent chez eux.  J'ai étais reçu comme un roi, les parents très British, m'avaient préparé une chambre et le soir payé un repas royal dans un grand restaurant.  Je ne savais pas trop quoi dire !  Surtout, je n'arrivais toujours pas à avouer à Jill que je l'aimais.

L'année de notre mariage en 1980, je suis retourné voir mes deux petites Anglaises avec Ginette.  Nous avons passé une formidable journée ensemble.

Cette année en 2016, je viens de recevoir des nouvelles de ma copine Jill ! Elle vient de m'annoncer que le premier cadeau que j'avais envoyé à sa fille lorsqu'elle était bébé, le lapin Bunny, était toujours vivant ! A 48 ans, il dort dans le berceau d'un nouveau bébé.  Jill, ne s'est jamais mariée, elle avait bien rencontré un ami prêt à vivre avec elle, mais il ne plaisait pas à sa fille.  Et moi depuis presque 50 ans je corresponds avec une Anglaise !  Je ne parle toujours pas un mot d'Anglais !

Jill et Louise le jour de ses 50 ans

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(2) - En 1972, lors d'une fête organisée par le bureau, j'avais remarqué Patricia, seule dans un coin, je m'avance doucement pour lui faire la conversation.  Elle a 20 ans et moi 29.  Elle était très timide, au bout d'un moment, je suis quand même arrivé à la faire sourire.  Dans la soirée, elle me dit qu'elle souhaite quitter la fête pour rentrer chez elle.  Je lui propose alors de la raccompagner jusqu'à sa gare. Arrivés à la gare du Nord, en attendant son train, je tente toujours de la faire sourire.  Au moment où son train allait partir, je lui fais un bisou, mais ma bouche a dérapé et le bisou s'est prolongé sur ses lèvre !  Alors bien sûr, elle a raté son train.  J'ai ensuite attendu avec elle le suivant.  En attendant, nous avons échangé d'autres bisous sur ses lèvres.  Notre sympathie, s'est vite transformée en amour.

 Tous les jours ensuite, nous nous retrouvions tous les deux le midi pour aller au resto et souvent le soir, je l'accompagnais à la gare du Nord pour prendre son train.  Le samedi ou dimanche, on se baladait dans Paris quelquefois avec sa soeur.  J'étais très heureux, on se promenait main dans la main, on allait quelquefois au théâtre ou simplement se promener.

J'ai ensuite été reçu chez ses parents, c'était le 1er mai 1973, pour moi notre relation était très sérieuse.

Mais j'ai vite compris que son père ne souhaitait pas qu'elle dure, il trouvait que mon salaire ne suffirait pas pour fonder une famille, il trouvait aussi que notre différence d'âge était trop grande.

Avec Patricia, il n'était pas question de coucher ensemble avant le mariage, je le savais très bien.

Le jour de la Saint Valentin, je lui avais offert une médaille, un petit coeur pour mettre a sa chaîne.  Elle semblait pourtant très heureuse de sortir avec moi.  En 1974, nous décidons de partir en vacances ensemble aux Iles Baléares, elle accepte mais à condition que sa soeur vienne aussi avec nous.

Pa de problème, la frangine est très sympa.  Les vacances se passent très bien, nous avons deux chambres une pour elle et sa soeur, l'autre pour moi.

Pourtant, la même année, elle venait me dire bonjour comme chaque matin à mon poste de travail à l'offset, je remarque de suite qu'elle n'a plus son petit coeur à sa chaîne.  Elle l'avait dans sa main, c'était pour me le rendre, elle ne voulait plus continuer notre amour.  Comme son père, elle trouvait que notre différence d'âge était trop grande.  Une très grande peine pour moi ! Mais que faire puisqu'elle avait décidé de rompre.

Toutefois, aujourd'hui, en 2016, nous sommes toujours en relation par courrier, et c'est une très bonne copine !

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(3) - En 1975, un collègue de bureau Colin un Anglais, travaillant à Paris, très copain avec mon jeune frère, cherche une personne pour l'accompagner à visiter l'URSS ! Une semaine à Leningrad, et l'autre à Moscou.  J'ai d'abord hésité, car mon père était bien malade, il allait souvent à l'hôpital de Saint Cloud.  Ma mère me dit de partir que cela ne changera rien.  Je me décide, c'est Colin qui fait les démarches pour s'inscrire.  Le séjour est bien détaillé, c'est une visite en car et nous sommes un groupe au départ de Paris.  Donc pendant 15 jours, pour les visites, les repas, nous restons toujours ensemble, on ne se sépare pas, sauf le soir où l'on peut quand même faire ce que l'on veut.

Le début des vacances est les 15 premiers jours de juin 1975.  Dans le groupe, il y a deux soeurs assises assez loin de nous dans le car.  Une des deux Danièle, est plutôt mignonne, nous échangeons souvent de loin un sourire.  A la fin de la première semaine, avant de quitter l'hôtel à Leningrad, à deux heures de partir, elle vient me voir pour discuter, puis à un moment, elle me dit :

"Tu viens avec moi, je crois que j'ai oublié un sac dans ma chambre".

Nous retournons dans sa chambre, et à peine entrés elle me dit :

"Non, je n'ai rien oublié, j'ai juste envie de toi" !

Pour moi, c'est comme si elle demandé à un aveugle s'il souhaitait devenir borgne.  Nous avions deux heures, alors, je me suis sacrifié !  Non, pas vraiment, moi aussi j'en avais envie.

Le restant de la semaine, dans le car ensuite nos regard ne se quittaient plus, je pense même que nous avons raté beaucoup d'explications de notre guide.

Toutefois, lorsque nous sommes arrivés à Moscou, nous somme restés très sages, chacun de notre côté pour les visites.

Les vacances terminées, Danièle m'a donné son adresse et téléphone en échange de mes coordonnées.  Elle habite avec sa maman à Antony dans le 92, le même département que moi à Colombes avec mes parents.

La semaine qui suivait, elle me téléphone au bureau car chez mes parents en 1975, il n'y a pas le téléphone et le portable n'existe pas encore.  Elle souhaite me voir un soir à la sortie de mon travail. Je lui dis que pour l'instant, je ne peux pas en semaine car tous les soirs, lorsque je sors de mon travail, je file directement retrouver ma mère qui passe l'après-midi à l'hôpital de Saint-Cloud pour voir mon père gravement malade.  Ensuite nous rentrons ensemble à Colombes.  Elle comprend bien, et nous nous fixons rendez-vous pour le samedi et le dimanche.

Comme elle a une voiture, c'est elle qui venait me chercher chez moi à Colombes, et on allait se balader, et bien sûr chaque fois on faisait l'amour, soit chez elle dans sa chambre ou chez moi dans ma chambre.  il arrivait même parfois faire les deux le même jour.  Nous sommes sortis chaque semaine, presque un an ensemble, sans avoir passé une nuit ensemble.  Chaque fois, après les câlins, soit elle retournait chez elle, soit elle me raccompagnait chez moi à Colombes.

Et puis subitement, sans raison, Danièle ne me donne plus de nouvelle.  Je téléphone chez sa maman, c'est toujours sa maman qui répond qu'elle n'est pas présente.  Au bout de plusieurs coups de téléphone, la maman de Danièle finit par me dire qu'elle n'est pas seule, elle a un copain !  Après, je n'ai plus téléphoné.  Elle a disparu de ma vie, sans même me dire que nous deux c'est fini ! Je ne l'ai jamais revue.

En juillet 1975, mon papa décède à l'age de 70 ans d'un cancer des glandes salivaires.  Il décède avec beaucoup de souffrances.

Quelques années après, Colin le copain Anglais décède aussi à l'âge de 34 ans d'un cancer des intestins.