HISTOIRE = UN PETIT NORMAND

Une vie trop courte de RAPHAELLE

Récit écrit par Christiane sa maman

1989 : Raphaëlle notre fille unique n’a que 17 ans.  Elle "fréquente" Emmanuel qui lui donne le goût des tenues classiques et féminines : elle remplace ses  jeans troués et ses docs à bouts métal par des jupes et des ballerines ! Les parents du jeune homme l'aiment bien.

En septembre 1989,  elle a gagné des sous en travaillant à 3M et part en vacances chez eux, à Fréjus.  Les jeunes gens se disputent et lundi 4 septembre, Rapha prend le train pour revenir chez nous.

Dans la nuit de ce lundi, Emmanuel pris de remords et sermonné par ses parents, vient la rechercher avec sa petite Coccinelle qu'il n'a pas fini de retaper : il n'y a pas de ceinture de sécurité ni de chauffage, mais lui seul le sait et il n'a pas dormi la nuit précédente.

Mardi 5 matin, il arrive chez nous, et c'est la surprise et la joie pour Rapha qui était déprimée.  Emmanuel fait une petite la sieste et décide de repartir avec Rapha, le  soir même, car il a un rendez-vous de travail mercredi matin.  Il me promet de dormir à Bourges chez un ami mais il ne le fait pas.  Rapha s'habille tout de blanc et m'embrasse en me disant : "Vous êtes des parents formidables !"  Jean-Pierre est encore au bureau.  Quand il revient, elle  est déjà sur la route et il me dit : - "Il va s'endormir. Je ne l'aurais pas laissé partir"...

Sur l'autoroute, à la hauteur de Valence, alors qu'il est près d'arriver à Fréjus, Emmanuel s'endort.  Sa voiture est sur la voie de droite et roule à 100 km/h.  Le diable a placé des rails de sécurité devant une pile de pont, juste en face du passager : Raphaëlle les reçoit en pleine tête.  Ses vertèbres cervicales  sont brisées.  Les tôles lui ouvrent le foie et provoquent une hémorragie.  Le chirurgien répète : "C'est diabolique".  Rapha  est maintenue 2 jours dans le coma afin d'obtenir notre accord pour des prélèvements d'organes.  Nous refusons.  Elle est alors "débranchée" vendredi 8 septembre.

Emmanuel s'en tire avec l'angle d'une incisive fracturé. Sa chienne a juste eu peur.

Que vais-je devenir maintenant, avec ce grand trou qui me traverse le ventre et par lequel toutes mes forces et mon courage s'écoulent ?

récit de Jean-Pierre :

Raphaëlle, mon ange pourquoi nous a-tu quittés si vite ?  Tu nous manques énormément.  Nous nous souvenons de tes imitations de la chanteuse Dalida !  Tu nous faisais bien rire !

Lorsque tu nous as quittés, nous n'avons pas réalisé le grand chagrin de tes parents,  nous aurions dû nous rapprocher d'eux au lieu d'avoir peur de partager leur peine.

Ta maman avait raison de dire que le chagrin n'est pas contagieux.  Maintenant, chaque jour j'ai une pensée pour toi, quelquefois juste un flash en me couchant, je revois ton visage.

Repose en paix mon ange.